Le temps d'attente aux urgences explose: "C'est une déchéance", alerte un médecin

"C'est extrêmement inquiétant." Le médecin urgentiste Aurel Guedj a fait part, vendredi sur RMC, de son inquiétude après la publication, par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES), des temps d'attente médians des patients aux urgences.
L'enquête de la DREES a été menée en 2023 auprès de l'ensemble des services des urgences en France. "Les durées les plus longues, c'est dans les départements d'Outre-mer, où les durées médianes de passage aux urgences sont de 4 heures, à comparer à 3 heures au niveau national", observe la cheffe de projet de cette enquête Elvire Demoly. La Normandie est l'un des départements les moins touchés, avec un temps d'attente médian de 2h50.
Ces grandes disparités entre les différents départements s'expliquent de plusieurs manières. "Ces durées de passage vont dépendre de la part de personnes âgées qui se présentent dans les services d'urgence", explique Elvire Demoly. L'offre de soin peut aussi expliquer les différences.
"Il y a des gens qui viennent aux urgences à défaut d'avoir pu trouver un rendez-vous médical. Ce motif est invoqué par 16% des patients en Outre-mer, 25% en Île-de-France et en Corse", explique la cheffe de projet de la DREES.
Le médecin urgentiste Aurel Guedj évoque également, au micro d'Apolline Matin, "une partie opérationnelle" qui diverge selon les régions, autrement dit "vous n'avez pas les mêmes protocoles en fonction des régions".

L'enquête de la DREES révèle que la durée de passage médiane des patients aux urgences avait augmenté de 45 minutes en dix ans. "D'un point de vue national, on est pour l'instant dans une espèce de déchéance", s'alarme Aurel Guedj.
"Les temps d'attente pour avoir une place en hospitalisation sont de l'ordre de plus de 24 heures", ajoute le médecin urgentiste. Il évoque notamment les risques de surmortalité des patients de plus de 75 ans lors de leur passage aux urgences:
"Vous avez 40% de surmortalité pour un patient de 75 ans qui passe la nuit aux urgences."
Aurel Guedj s'inquiète de la situation dans laquelle se trouvent les urgences qui représentent, selon lui, "le thermomètre de notre système de santé". "Quand les urgences ne vont pas, c'est généralement soit parce que l'amont ne va pas, c'est-à-dire qu'il n'y a pas assez d'offres de médecine dans les villes, soit l'aval ne va pas, c'est-à-dire que vous n'avez pas assez de places en Ehpad, d'aides à domicile", conclut-il.
RMC